La realité commence a se chauffer
Pour votre information les
chapitres de I a IV suivre après.
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Chapitre V
La confrotation
La confrotation
Le taxi arrive à résidence où plusieurs voitures de grosse cylindrée sont stationnées dans les jardins. Quatre chauffeurs sont discrètement rassemblés sous les arbres.
En sortant du taxi, William et Pamela sont reçus par Anne Asheley, la gouvernante des Forsyth depuis quinze ans. Femme encore attirante, malgré ses formes un peu arrondies, Anne est une rousse aux grands yeux verts qui trahissent son origine irlandaise.
– Quelle tragédie ! dit-elle en embrassant Pamela et William. Les deux femmes pleurent en silence avec beaucoup d’émotion. Lentement, les trois marchent vers le bâtiment et disparaissent par une porte sur la terrasse qui donne accès à un petit bureau.
Robert Forsyth les y attend. Il embrasse sa sœur. Il a les yeux rouges, n’est pas coiffé et porte une chemise sans cravate, une veste pas très propre pour l’occasion et qui ne cache pas son ventre volumineux. Il donne un regard froid à William qui reste à distance.
Après quelques minutes de silence, Robert demande à Pamela pourquoi elle n’a pas téléphoné pour l’informer de leur arrivée de New York. Elle s’explique et Robert regarde William.
- Ça va ? Vous avez fait bon voyage ?
-Oui, sans problème répond William.
Robert propose à Pamela un drink. Alors qu’elle refuse, il pose la même chose à William. Il refuse également et Robert décide de s’en verser un pour lui-même, sous le regard contrarié de Pamela et William.
Asheley revient au bureau et donne à Pamela un voile noir. Elle demande combien de personnes sont dans la bibliothèque et les deux femmes sortent du bureau.
William est debout, les jambes écartées, les bras croisés sur sa poitrine, position qui révèle un physique d’athlète de 1,90 m ; quand il était plus jeune il pratiquait l’haltérophilie et le rugby.
- Où étiez-vous, Asheley et toi, quand l’assassin est entré dans la maison ? demande-t-il à Robert.
- J’étais sorti pour la soirée, et Asheley était sortie avec son ami, un hindou qui habite Londres et qui travaille dans un restaurant à Kinver. Mais je n’ai pas besoin pas de te donner d’explications. C’est tout.
- Il est vrai que tu n’as aucune raison de me donner d’explication, mais ta conscience se pose peut-être des questions que la police elle-même te posera.
Avec une expression de rage et d’agressivité, Robert hausse la voix :
Tais toi !… je n’accepte pas ces remarques et ces insinuations. Ici, nous traitons les noirs comme les Américains les ont traités dans le Sud des Etats Unis.
William réagit et fonce sur Robert juste au quand Pamela arrive et se place entre les deux hommes :
- Que se passe-t-il, mon Dieu ? Vous devenez fous ?
- William pointe Robert du doigt :
- C’est la dernière fois que tu me parles comme ça !
Robert ne répond pas et sort par la porte de la terrasse. Pamela demande :
- Vous avez perdu la tête vous deux ? Ce n’est pas possible, ça ! Vous êtes incapables d’attendre que papa soit sorti pour la dernière fois de notre maison ?
- Comment devrais-je réagir, quand il lance de nouveau des remarques racistes contre moi ?
Elle l’embrasse en disant :
- Il est saoul. C’est terrible de revivre ainsi le passé, un jour comme aujourd’hui.
Ils échangent quelques mots de soutien et après quelques secondes de silence, décident d’entrer dans la pièce où le cercueil est exposé.
Pamela et William échangent quelques mots avec les personnes présentes. Pour la plupart, des gens du village. Ils rendent un dernier hommage à Thomas Forsyth, membre bénévole de plusieurs associations liées aux activités des arts, de la chasse et de l’environnement.
Après quelques minutes, ils sortent et décident finalement de monter dans leur chambre pour se reposer. Comme Pamela l’avait demandé, Asheley a dèjà préparé un petit déjeuner.
Pour éviter de nouvelles confrontations avec l’esprit belliqueux de Robert, Pamela et William passent la plus grande partie de l’après midi à recevoir les gens dans le petit bureau.
Les funérailles sont prévues pour le mercredi matin.
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Chapitre VI
Lundi soir
Des revélations surprenantes
Vers six heures du soir, après avoir passé une heure dans leur chambre, Pamela et William descendent pour dîner.
Ils rejoignent Robert, déjà à table. L’ambiance est tendue et Asheley sert discrètement le repas. Robert n’a pas déjà fini son potage qu’il se verse un nouveau whisky. Pamela et William s´adressent des regards dubitatifs. Pamela essaie de détendre l’ambiance.
- Le potage est délicieux. Tu devrais le terminer.
Il ignore la suggestion et demande :
Quand rentrez-vous à New York ?
- Nous ne sommes pas encore sûrs.
C’est-à-dire que vous n’attendrez par l’ouverture du testament ?
Je ne suis pas inquiète du tout. Nous devons retourner à New York pour de très importantes réunions, qui nous attendent à Convention Nationale de tous les représentants agréés de la société. Nous reviendrons la prochaine semaine.
Mais monsieur Taylor, l’avocat de Papa, a dit qu’il attendra nos instructions.
Pour le moment, je ne veux pas y penser.
Robert insiste :
- Je pense que …
-Arrête, Robert. Je te le répète : pas maintenant. Nous déciderons de cela demain.
-Tu sais, Pat, monsieur Taylor a dit…
A nouveau, Pamela lui coupe la parole en le fixant avec une expression d’exaspération. Elle dit avec fermeté :
- C’est monsieur Taylor qui est pressé, ou c’est toi ?
William décide d’intervenir.
- Après tout, votre père …
-Toi, reste en dehors de nos affaires… Coupe Robert.
- S’il vous plait, vous deux !
Pamela s’interpose, mais Robert se défend.
- Ça, c’est une affaire entre Pamela et moi.
- Ta sœur est ma femme.
La tension monte et Pamela élève maintenant la voix :
- Vous deux, arrêtez ou je quitte la table.
Mais c’est William qui, sans dire un mot, quitte la table et la salle à manger pour rejoindre sa chambre.
- Relaxe, calme-toi, dit Robert à sa sœur.
- C’est impossible. Je vois que tu n’as pas changé.
Robert va s’asseoir à côté de Pamela.
- Non Pat, dit-il comme il l’appelait dans les temps de leur jeunesse. Ne me regarde pas comme avant : je suis un autre homme. J’ai fait un long parcours. Je suis très heureux de ma nouvelle façon de vivre. J’ai changé et papa aussi avait changé vis-à-vis de moi.
- Que s’est-il passé ?
- J’ai suivi ses recommandations et depuis quelques mois déjà, je consulte un psychologue et les choses ont beaucoup changé. Je reconnais aujourd’hui que c’était ma faute. Je suis très content d’avoir changé ma façon de vivre. Et papa était aussi très heureux. Je n’ai pas besoin de te rappeler comment la vie était difficile pour nous deux.
Ensuite, Robert raconte une conversation qu’il a eue avec son père au retour d’une de ses sessions avec le psychologue. Son père était dans la bibliothèque et l’a reçu avec un grand sourire :
- Bonjour jeune homme. Comment ça va ?
- Très bien papa. Je me sens détendus et la vie est belle.
- Tu dis être en paix avec toi-même. C’est très important, ça, et j’en ai beaucoup de plaisir.
- Merci. Après tout, les gens disent que la vie commence à quarante ans, ajoute Robert, ce qui fait sourire son père. »
Après avoir raconté cette histoire, Robert prend la main de sa sœur :
- C´est triste que notre père n’ait pas eu la chance de voir l’homme que je suis devenu.
- Je te crois.
-Rappelle-toi comme dans le passé nous étions presque arrivés à l’agression physique. C’était terrible. La dernière fois, il était allé voir son avocat, monsieur Taylor, et quelques jours après, il m’a dit que mon nom était rayé de son testament. Il en avait fait un nouveau. Je me suis senti écarté de sa vie.
Robert fait une pause de quelques secondes et regarde au plafond; il se sent très gêné de raconter ces moments de douleur à sa sœur. Il prend une profonde inspiration et continue :
- Nous étions dans la même maison, mais dans deux mondes séparés.
- Je me souviens, dit Pamela avec l’expression émue de ce moment de retrouvaille avec son frère.
- Et ça n’a rien à voir avec ton mariage ni ton départ pour New York. Je ne savais plus où j’étais… C’est vrai, j’étais perdu. J’ai vécu une période de délire, l’alcool et des mauvaises fréquentations.
- Tu ne peux pas savoir comme je suis contente d’entendre tout cela.
-En effet, il y a quelques semaines, il m’a dit qu’il pensait changer le testament une nouvelle fois. Il m'a dit son intention de t'écrire pour te demander si tu étais d’accord. Tu sais bien comme il était droit en affaires et avec toi, sa princesse comme il t’appelait souvent, ça ne devait pas être différent.
-Papa m’a écrit une lettre ? Quand ? demande-t-elle avec un air de grande surprise.
-Il y a quatre ou cinq semaines. Il ne m’a pas donné de détails mais simplement ma demandé de la poster. Elle t’était adressée.
- En es-tu certain ?
- Oui, bien sûr, elle t’était adressée.
Pamela ne dit rien et tous deux passent dans la bibliothèque où le feu de cheminée est allumé. Ils prennent une tasse de thé qu’Asheley leur a apporté. Robert, l’air satisfait, à un petit sourire :
- Je vais te dire un secret, et je suis certain que tu en seras très content.
- Vas-y, j’ai besoin d’une bonne nouvelle, après tout qui s’est passé aujourd’hui.
- Je vais te le dire, mais c’est un secret et tu vas comprendre pourquoi. La vérité est que depuis quelques temps, j’ai une petite amie.
- Ce n’est pas vrai ! dit Pamela avec grande surprise.
- Oui mais c’est un secret. Je ne l’ai dit à personne, même à notre père. Après tout, si cette relation n’a aucune chance de marcher… je ne voudrais pas causer de grande déception.
- Habite-elle a Kinver et quel genre de situation a-t-elle ?
- Oui… elle habite à Kinver depuis déjà plusieurs années, mais pour le moment, je garde les détails pour moi. Kinver est très petit et nous prenons la précaution de nous donner rendez-vous en toute discrétion… Elle m’a beaucoup aidé à changer de vie et à me faire oublier les mauvaises fréquentations que j’ai eues pendant quelque temps. -
- Ne me dis pas qu’elle est mariée, quand même…
- Non… rien de tout cela. Je garde les détails pour moi. Je te dis, tu seras la première à savoir quand je serai sûr que tout évolue dans le bon sens.
Ne voulant pas continuer à questionner Robert, Pamela dit en consultant sa montre qu’il est déjà tard et qu’elle a besoin de repos. Les deux s’embrassent.
A demain, et merci pour tout ce tu m’a dit, dit Pamela.
Après un bain de presque trente minutes, elle entre dans la chambre où William est assis sur un petit canapé. Sans dire un mot, elle s’assied devant une coiffeuse à trois panneaux de miroirs indépendants. Elle a l’air tendu et regarde William dans un des miroirs. Il semble être décontracté et lit quelques courriers apportés de New York.
Soudain, presque sans y réfléchir, Pamela se tourne et demande d’un ton incisif qui surprend William :
- Qu’as-tu fait de la dernière lettre que Papa m'a envoyée ?
- De quoi parles-tu, Pat ?
- La lettre où il m’informait qu’il pensait changer son testament.
Ah !…. Cette lettre … !
- Oui, oui… la lettre que tu ne m’as pas montrée.
- J’étais obligé de le faire, car il te demandait de ne rien me dire.
- Et pour savoir cela, as-tu l’habitude d’ouvrir mon courrier? Comment sais-tu tout cela? Qui t’a donné ce droit ?
- Franchement, ce n’était pas la première fois que nous ouvrions tout le courrier que nous prenions dans la boite aux lettres. C’était normal autant pour toi que pour moi. Cela s’est passé il y a
quatre ou cinq semaines, en revenant à la maison, un après midi, je venais juste prendre quelques documents dont j’avais besoin au bureau. J’ai pris tout le contenu de notre boite aux lettres et je l’ai porté dans l’appartement. Et vraiment sans regarder, j’ai tout ouvert en prenant un café. C’est comme ça que j’ai pris connaissance du désir qu’avait ton père de ne pas me laisser savoir qu’il avait l’intention de changer son testament. J’ai regretté cet acte intempestif de ma part. C’est-à-dire que si je t’avais donné la lettre déjà ouverte, tu aurais su que le veux de ton père n’avait pas été respecté comme il le voulait.
Sans dire un mot, Pamela se tourne vers la coiffeuse sur laquelle un large portrait de son père est encadré. Elle le regarde et se rappelle une conversation qu’elle avait eue avec lui, quelques mois avant son mariage.
Thomas avait dit :
« C’est à toi de décider.
- Je l’aime beaucoup. Jamais de ma vie je n’ai rencontré quelqu’un … je ne sais comment te le dire… nous avons eu des moments forts, quand nous avons échangé nos points de vue et analysé de manière ouverte nos qualités et nos défauts, le fait qu’il soit de race noire…
- Ça n’est pas le problème…
-Tu vois toujours ma relation avec William comme un problème. D’autres personnes ont la même difficulté. C’est la couleur qui importe. Et ça, papa, c’est la façon dont tu nous as élevés, dans une société qui juge une personne sur son origine raciale. Quand j’étais jeune, je n’ai jamais eu la chance d’être l’amie ou d’avoir une relation hors de l’école avec
un garçon ou une fille de race noire ou hindoue.
- Tu n’es pas encore mariée et déjà tu me parles du regard des gens sur vous deux quand vous êtes dans un restaurant, au cinéma ou quand vous faites du vélo à Central Park.
- Si tu veux savoir, papa, je me sens très bien. Je suis fière d’avoir le courage de me battre pour les choses auxquelles je crois. Et tu sais bien qu’ici, même à la maison, nous avons eu quelques remarques et senti quelques insinuations de la part de Robert… Il ne comprend pas combien je suis heureuse.
- Ne t’inquiète pas, il va changer. Mais il y aussi un autre détail, c’est que tu ne connais William que depuis quelques mois seulement.
- Et certainement, les plus heureux de ma vie d’adulte.
- Mais prennent ton temps, ma princesse. C’est une décision qui demande beaucoup de réflexion. »
Pamela reste encore silencieuse après s’être rappelée cette conversation.
Elle revient à la réalité quand William lui demande :
- Y a-t-il quelque chose qui ne va pas Pamela ?
- Non.
- Tu désires quelque chose ?… Une tasse de thé…
- Non merci.
William éteint la lampe à côte du sofa où il était assis et va au lit. La chambre tombe dans l’obscurité où seul luit l’abat-jour de la coiffeuse.
Pamela reste assise encore quelques minutes, essayant de dissiper ses doutes avant de rejoindre son mari.
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