dimanche 2 décembre 2007

Ici c´est le Chapitre VIII
Le VII et les autres sont après
Chapitre VIII
Mercredi matin

Les funérailles

Vers dix heures, sous un ciel couvert et gris et un vent frais, le cortège funéraire sort de la maison, le cercueil placé sur un imposant corbillard tiré par deux étalons noirs. Les harnais et les rênes sont décorés de multiples petites appliques de métal qui mettent en valeur la couleur sombre des chevaux, l’ensemble du carrosse et ses rideaux, ses six colonnes noires aux bourrelets or.
Juste derrière, vient la fanfare de l'école de St. James de Kinver, avançant au son d’une des musiques favorites de Thomas Forsyth. Il aimait beaucoup la musique érudite mais il avait aussi d’autres goûts. D’après une demande formelle faite à sa famille, il avait demandé que la fanfare soit présente pour l’accompagner pour sa dernière promenade.
Comme mécène, avec d’importantes donations à la promotion des arts et des sports et son soutien discret aux actions du proviseur, Thomas Forsyth suscité une vive surprise par son choix de la musique pour cette occasion.
Au lieu d’une composition de Handel, où du Requiem de Mozart ou d’un morceau de Pachelbel, il a choisi « The Angels Are Marching On », une chanson typique du jazz et du blues de la Nouvelle Orléans. La musique traîne un moment d’un rythme lent, d’angoisse et de souffrance, mais rapidement le tempo change, avec le son des cuivres et la gaieté du vrai Dixland Jazz.
Thomas Forsyth aimait beaucoup la ville de la Nouvelle Orléans et chaque fois qu’il était à New York, il faisait un effort pour passer en Louisiane deux ou trois jours, dans le petit coin de France des Etats Unis.
Juste derrière l’imposant corbillard, deux voitures portent des arrangements de fleurs et de corbeilles. Pamela, William et Robert les suivent devançant plusieurs habitants de la région et quelques amis venus de Londres.
Durant le court trajet, sur le petit chemin de campagne, la musique brise le silence des bois habillés des couleurs de l’arrière-saison. Le cortége arrive à la route principale et quelques minutes plus tard au village de Kinver. Sur les trottoirs, beaucoup de résidents les attendent en silence, malgré quelques petites remarques sur la musique, pas très connue des gens de la région.
Parmi tous ces gens qui regardent le passage du cortège funéraire se tient Jack Carter, propriétaire d’un garage et station essence. Il a un long manteau pour se protéger du vent frais, idéal pour cacher sa salopette. Bon mécanicien et aussi auteur de quelques excentricités, il est une figure bien connue de la communauté.
Il a de petits yeux bleus, très perçants. Ça tête est couverte de longs cheveux blancs visibles au-dessous de son bonnet. Il est toujours de bonne humeur et d’un caractère très amusant.
Soudain, Carter fixe son regard sur le visage de William Ward. Sa présence est bien visible, notamment par son physique et sa stature. Sans comprendre vraiment ce qui lui arrive, Carter soudain ne semble pas en croire ses yeux. Avant même que le cortège n’arrive à sa hauteur, il décide de retourner à son travail. Quelque chose dans sa mémoire le foudroie et le frappe d’une frayeur momentanée.
Au bout de la rue principale, le cortège prend une petite rue à droite et commence l’ascension de la colline où le cimetière est situé, avec sa petite chapelle. Le lieu propose une magnifique vue de Kinver avec, au loin, Roman Creek, d’autres villages et la campagne.
La cérémonie est brève car le vent souffle très fort.
Après l’homélie, le prêtre bénit le cercueil sous le regard ému de Pamela et d’Asheley qui s’embrasse. William et Robert n’échangent aucun mot. Ils sont les premiers à déposer des fleurs sur le cercueil avant que les fossoyeurs ne le descendent dans la fosse.
Après quinze minutes de silence, toutes les personnes descendent vers le village. En bordure de chemin, avant la sortie, les arbres et les sapins s’inclinent sous la force du vent. Les personnes laissent derrière eux les fossoyeurs qui achèvent leur mission. Ils font leur travail, comme toujours, avec une apparente insensibilité, imperturbables et indifférents à tous les nouveaux arrivants dans le cimetière. Dans les pubs du village de Kinver circule la version populaire qui dit que les nouveaux arrivants pour leurs repos définitif n’ont jamais protesté pour ça…
C’est un exemple de plaisanteries à l’humour noir anglais qui ont cours après quelques pintes de bière…

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dimanche 23 septembre 2007

Chapitre VII
(Lire
Les Chapitres de I a VI aprés celui)

Mardi après midi
Le testament plain de surprises !

Au matin, pendant leur petit déjeuner, Pamela et William décident d’un commun accord de prendre rendez-vous avec monsieur Taylor. Maintenant, c’est elle qui souhaite éclaircir toute l’affaire du testament et de la lettre qu’elle ne pas reçue. William sort de la salle à manger pour appeler le bureau de maître Taylor et obtient un rendez-vous pour l’après midi.
Aucun d’eux, ni même Asheley n’ont eu de signe de Robert. Néanmoins, plus tard dans la matinée, quand William et Pamela sont dans la bibliothèque pour recevoir des condoléances, Asheley informe Robert du rendez-vous pris au moment où il revient à la maison pour quelques minutes.
Vers 14 heures 30, Pamela et William se présentent au bureau de maître Taylor.
Deux messieurs se trouvent dans un petit bureau, une sorte de salle d’attente.
- Bonjour, madame et monsieur Ward, dit la réceptionniste.
- Bonjour. Nous avons rendez-vous avec monsieur Taylor.
- Veuillez attendre une minute je vous prie, Madame, je vais l’informer que vous êtes ici.
Ils trouvent un sofa dans une autre petite salle.
William demande où est Robert. Pamela répond qu’Asheley l’a informé du rendez-vous.
- J’espère qu’il sera là. Après tout, c’est lui qui a insisté.
À peine a-t-il terminé sa remarque qu’arrive Robert. Il n’est ni rasé ni coiffé, les yeux rouges et ne semble pas avoir changé de tenue depuis la veille au soir. Il paraît être de mauvaise humeur, quand il dit un bonjour froid en prenant une chaise.
Monsieur Taylor sort de son bureau et se dirige vers la petite pièce. Il leur demande de le suivre dans la salle de réunion où ils prennent place autour d’une longue table. Les deux témoins et le secrétaire prennent des chaises.
Chauve, maître Taylor porte une moustache touffue et bien taillée. Il a toujours ses lunettes sur le nez. Il n’a pas une apparence physique très imposante avec environ 1,65m. Néanmoins, ses gestes et sa voix ne laissent aucun doute sur son expérience juridique, quand il dirige une réunion ou quand il défend ses clients au tribunal.
- Merci, maître Taylor de nous recevoir, dit Pamela. Je sais combien vous être occupé. Le fait est que nous avons besoin de rentrer à New York le plus tôt possible.
- J’ai compris.
Il présente les deux témoins, messieurs Patrick Martin et John Lewis, en disant qu’ils connaissaient bien Thomas Forsyth et qu’ils vont être les témoins de la réunion. Engagés sur l’honneur, ils sont obligés, comme l’avocat, de ne jamais commenter ce qui va se passer, sauf s’ils sont convoqués par la justice comme témoins dans un litige entre les parties intéressées.
Maître Taylor appelle la réceptionniste afin qu’elle envoie la secrétaire pour prendre des notes, pour élaborer le procès verbal. En même temps, il donne des instructions pour ne pas être dérangé avant la fin de la réunion.
Suivant la procédure, il commence à lire les textes de loi concernant l’ouverture d’un testament.
- En ce jour de 21 octobre de 1978, à la demande des seuls membres légalement connus de la famille de monsieur Thomas Forsyth, veuf, né le 23 juillet de 1906 à Londres et décédé le 19 octobre 1978 dans sa maison de Roman Creek, ici à Kinver, en la présence de son fils Robert Forsyth, de sa fille Pamela Forsyth épouse Ward et son époux William Ward, je vous présente l’attestation du décès signée le 20 octobre 1978 par le docteur en médecine légale Harris B. Cadwell, chef du Bureau de médecine légale de la ville de Kinver, et moi-même, Harry Taylor, avocat (il mentionne ses qualifications), je procède à l’ouverture du testament qui m’a été confié…(Il conclue avec d’autres informations d’ordre juridique).
Ensuite, il prend une grande enveloppe sous scellés et informe que monsieur Thomas Forsyth lui avait présenté son testament, écrit de sa propre main, signé et daté ici dans son bureau, devant lui et en présence de deux autres témoins, lesquels, comme lui, n’ont pas eu connaissance du contenu.
Puis il commence à lire de vive voix le testament, mais s’arrête quand il arrive au passage le plus important du document, où Thomas Forsyth exprime sa volonté de façon claire et incontestée.
Maître Taylor a toujours considéré cette petite interruption comme une précaution nécessaire. C’est-à-dire, lire à l’avance pour lui-même et se préparer aux réactions peut-être inattendues, comme cela s’est déjà passé durant sa longue expérience dans les affaires de testaments et d’héritages.
Il revient au début du paragraphe et recommence à lire pour les personnes présentes :
- Tout l’argent liquide, titres au porteur et documents en mon nom déposés sur les comptes et dans mes coffres privés, dans les établissements bancaires situés dans le Royaume Uni comme dans d’autres pays, tous les biens immobiliers et parcelles de terrain décrits dans le document ci-joint, mes objets d’art, tous mes objets personnels et les véhicules dont je suis le seul propriétaire…
Une fois encore, maître Taylor s’arrête et regarde les héritiers, avec l’impassibilité d’un grand contrôle émotionnel et l’expérience de situations analogues. Il ne laisse transparaître aucune réaction, face aux détails du testament dont il a déjà pris connaissance.
Un silence absolu règne dans la salle.
Toutes les personnes ont leur regard sur l’avocat. Ils ne cachent pas leur expression d’expectative et en somme, de l’angoisse du moment. Après quelques secondes qui paraissent des minutes, maître Taylor revient à la lecture de vive voix et reprend au début du paragraphe où il s’était arrêté et conclut :
– Il est de ma forte volonté de faire de ma fille, Pamela Forsyth, la seule héritière de mon testament et en conséquence, qu’elle détienne à elle seule et de plein droit le pouvoir de disposer de ces biens quand et du mieux qui lui conviendra.
Impétueusement, Robert réagit immédiatement et saute de son fauteuil qui tombe en arrière. Il s’éloigne de la table en direction de la porte en disant :
– Je le savais … je savais qu’il y avait quelque chose dans l’air.
– Robert, tais-toi ! Crie Pamela. De quoi parles-tu ? Tu es fou ?
Maître Taylor intervient d’un ton autoritaire qui s’impose :
- S’il vous plaît, monsieur Forsyth. Contrôle-vous, restez ici et je vous demanderai des explications pour ce que vous avez dit. Il est de votre droit de vouloir ajouter quelque chose, mais veuillez attendre que j’aie terminé la lecture du testament.
Pamela quitte sa place mais trop tard.
- S’il te plait Robert, reste ici - elle dit.
Robert ne s’arrête pas et sort de la salle en laissant la porte ouverte.
- Son attitude est lamentable, dit William Ward.
- Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de mon frère. Jamais je n’aurais pensé qu’il pouvait allez si loin… Il n’a pas tout son bon sens, dit Pamela.
- Voulez-vous que j’arrête, madame ? dit maître Taylor. Voulez-vous un verre d’eau, ou une tasse de thé ?
- Oui maître, un verre d’eau s’il vous plaît. Merci, vous pouvez reprendre la lecture.
Avant de continuer, il demande à sa secrétaire d’aller chercher de l’eau et présente ses excuses aux deux témoins. En attendant, il dit à Pamela qu’il est obligé, comme le veut la procédure, de mentionner le départ précipité de Robert avant que la lecture du testament ne soit terminée. Pamela et William accèdent à cette demande.
- Nous avons quelques petits détails à régler avant l’enregistrement du document que vous devrez signer, vous deux, les deux témoins et moi-même.
- Avez-vous déjà choisi un notaire pour vous représenter durant la suite du procès dans les différentes agences du gouvernent et les banques ?
– Non, répond Pamela, car William et moi avons décidé de vous garder comme exécuteur testamentaire, pour suivre l’affaire auprès des organismes financiers et pour prendre toutes les autres décisions nécessaires à l’exécution du testament.
- Très bien. Je vous remercie de votre confiance et nous allons rassembler la documentation juridique nécessaire à notre travail. Vous savez comme les choses se compliquent vite dans le labyrinthe de l’administration publique. Demain, je vous les porterai directement à votre domicile.
- Non, dit William, j’espère que Pamela sera d’accord mais nous devons éviter toute confrontation avec Robert. Si vous êtes d’accord, maître, demain nous reviendrons ici pour signer et prendre les documents.
- Très bien, monsieur Ward.
Vingt minutes plus tard, Pamela et William quittent le bureau. Ils font un
petit tour dans le centre-ville à la recherche de la voiture d’Asheley qu’ils ont emprunté pour venir au rendez-vous.
En arrivant à la maison, William remarque, au nombre de voitures garées dans le jardin, qu’il y a encore quelques personnes venues pour rendre hommage à Thomas Forsyth.
Il dit :
- Je pense que maintenant, nous devrions oublier ce qui c’est passé et nous préparer aux funérailles de demain.
- Que vas-tu faire ?
- Je rentre avec toi mais pas pour longtemps. J’ai besoin d’aller au commissariat pour savoir si la police a progressé dans son enquête.
- Fais attention, peut-être que tu vas rencontrer Robert dans le village. S’il te plaît, évite de croiser son chemin.
- Ne t’inquiètes pas, reste tranquille. J’irai aussi à l’agence de voyage pour pendre nos billets de retour pour New York. Vas-y, excuse-moi auprès des personnes présentes, mais je ne reste pas longtemps. Tu devrais allez te reposer dans notre chambre, et demande à Asheley de te préparer quelque chose.
– Ne sois pas long, dit Pamela juste avant que tous deux n’entrent dans la maison.
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samedi 15 septembre 2007

Qui a assassiné Thomas Forsyth

Ici les chapitres V et VI.
La realité commence a se chauffer
Pour votre information les
chapitres de I a IV suivre après.
Enregistrer pour faire votre investigation !!!
Chapitre V
La confrotation

Le taxi arrive à résidence où plusieurs voitures de grosse cylindrée sont stationnées dans les jardins. Quatre chauffeurs sont discrètement rassemblés sous les arbres.
En sortant du taxi, William et Pamela sont reçus par Anne Asheley, la gouvernante des Forsyth depuis quinze ans. Femme encore attirante, malgré ses formes un peu arrondies, Anne est une rousse aux grands yeux verts qui trahissent son origine irlandaise.
– Quelle tragédie ! dit-elle en embrassant Pamela et William. Les deux femmes pleurent en silence avec beaucoup d’émotion. Lentement, les trois marchent vers le bâtiment et disparaissent par une porte sur la terrasse qui donne accès à un petit bureau.
Robert Forsyth les y attend. Il embrasse sa sœur. Il a les yeux rouges, n’est pas coiffé et porte une chemise sans cravate, une veste pas très propre pour l’occasion et qui ne cache pas son ventre volumineux. Il donne un regard froid à William qui reste à distance.
Après quelques minutes de silence, Robert demande à Pamela pourquoi elle n’a pas téléphoné pour l’informer de leur arrivée de New York. Elle s’explique et Robert regarde William.
- Ça va ? Vous avez fait bon voyage ?
-Oui, sans problème répond William.
Robert propose à Pamela un drink. Alors qu’elle refuse, il pose la même chose à William. Il refuse également et Robert décide de s’en verser un pour lui-même, sous le regard contrarié de Pamela et William.
Asheley revient au bureau et donne à Pamela un voile noir. Elle demande combien de personnes sont dans la bibliothèque et les deux femmes sortent du bureau.
William est debout, les jambes écartées, les bras croisés sur sa poitrine, position qui révèle un physique d’athlète de 1,90 m ; quand il était plus jeune il pratiquait l’haltérophilie et le rugby.
- Où étiez-vous, Asheley et toi, quand l’assassin est entré dans la maison ? demande-t-il à Robert.
- J’étais sorti pour la soirée, et Asheley était sortie avec son ami, un hindou qui habite Londres et qui travaille dans un restaurant à Kinver. Mais je n’ai pas besoin pas de te donner d’explications. C’est tout.
- Il est vrai que tu n’as aucune raison de me donner d’explication, mais ta conscience se pose peut-être des questions que la police elle-même te posera.
Avec une expression de rage et d’agressivité, Robert hausse la voix :
Tais toi !… je n’accepte pas ces remarques et ces insinuations. Ici, nous traitons les noirs comme les Américains les ont traités dans le Sud des Etats Unis.
William réagit et fonce sur Robert juste au quand Pamela arrive et se place entre les deux hommes :
- Que se passe-t-il, mon Dieu ? Vous devenez fous ?
- William pointe Robert du doigt :
- C’est la dernière fois que tu me parles comme ça !
Robert ne répond pas et sort par la porte de la terrasse. Pamela demande :
- Vous avez perdu la tête vous deux ? Ce n’est pas possible, ça ! Vous êtes incapables d’attendre que papa soit sorti pour la dernière fois de notre maison ?
- Comment devrais-je réagir, quand il lance de nouveau des remarques racistes contre moi ?
Elle l’embrasse en disant :
- Il est saoul. C’est terrible de revivre ainsi le passé, un jour comme aujourd’hui.
Ils échangent quelques mots de soutien et après quelques secondes de silence, décident d’entrer dans la pièce où le cercueil est exposé.
Pamela et William échangent quelques mots avec les personnes présentes. Pour la plupart, des gens du village. Ils rendent un dernier hommage à Thomas Forsyth, membre bénévole de plusieurs associations liées aux activités des arts, de la chasse et de l’environnement.
Après quelques minutes, ils sortent et décident finalement de monter dans leur chambre pour se reposer. Comme Pamela l’avait demandé, Asheley a dèjà préparé un petit déjeuner.
Pour éviter de nouvelles confrontations avec l’esprit belliqueux de Robert, Pamela et William passent la plus grande partie de l’après midi à recevoir les gens dans le petit bureau.
Les funérailles sont prévues pour le mercredi matin.

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Chapitre VI
Lundi soir
Des revélations surprenantes

Vers six heures du soir, après avoir passé une heure dans leur chambre, Pamela et William descendent pour dîner.
Ils rejoignent Robert, déjà à table. L’ambiance est tendue et Asheley sert discrètement le repas. Robert n’a pas déjà fini son potage qu’il se verse un nouveau whisky. Pamela et William s´adressent des regards dubitatifs. Pamela essaie de détendre l’ambiance.
- Le potage est délicieux. Tu devrais le terminer.
Il ignore la suggestion et demande :
Quand rentrez-vous à New York ?
- Nous ne sommes pas encore sûrs.
C’est-à-dire que vous n’attendrez par l’ouverture du testament ?
Je ne suis pas inquiète du tout. Nous devons retourner à New York pour de très importantes réunions, qui nous attendent à Convention Nationale de tous les représentants agréés de la société. Nous reviendrons la prochaine semaine.
Mais monsieur Taylor, l’avocat de Papa, a dit qu’il attendra nos instructions.
Pour le moment, je ne veux pas y penser.
Robert insiste :
- Je pense que …
-Arrête, Robert. Je te le répète : pas maintenant. Nous déciderons de cela demain.
-Tu sais, Pat, monsieur Taylor a dit…
A nouveau, Pamela lui coupe la parole en le fixant avec une expression d’exaspération. Elle dit avec fermeté :
- C’est monsieur Taylor qui est pressé, ou c’est toi ?
William décide d’intervenir.
- Après tout, votre père …
-Toi, reste en dehors de nos affaires… Coupe Robert.
- S’il vous plait, vous deux !
Pamela s’interpose, mais Robert se défend.
- Ça, c’est une affaire entre Pamela et moi.
- Ta sœur est ma femme.
La tension monte et Pamela élève maintenant la voix :
- Vous deux, arrêtez ou je quitte la table.
Mais c’est William qui, sans dire un mot, quitte la table et la salle à manger pour rejoindre sa chambre.
- Relaxe, calme-toi, dit Robert à sa sœur.
- C’est impossible. Je vois que tu n’as pas changé.
Robert va s’asseoir à côté de Pamela.
- Non Pat, dit-il comme il l’appelait dans les temps de leur jeunesse. Ne me regarde pas comme avant : je suis un autre homme. J’ai fait un long parcours. Je suis très heureux de ma nouvelle façon de vivre. J’ai changé et papa aussi avait changé vis-à-vis de moi.
- Que s’est-il passé ?
- J’ai suivi ses recommandations et depuis quelques mois déjà, je consulte un psychologue et les choses ont beaucoup changé. Je reconnais aujourd’hui que c’était ma faute. Je suis très content d’avoir changé ma façon de vivre. Et papa était aussi très heureux. Je n’ai pas besoin de te rappeler comment la vie était difficile pour nous deux.
Ensuite, Robert raconte une conversation qu’il a eue avec son père au retour d’une de ses sessions avec le psychologue. Son père était dans la bibliothèque et l’a reçu avec un grand sourire :
- Bonjour jeune homme. Comment ça va ?
- Très bien papa. Je me sens détendus et la vie est belle.
- Tu dis être en paix avec toi-même. C’est très important, ça, et j’en ai beaucoup de plaisir.
- Merci. Après tout, les gens disent que la vie commence à quarante ans, ajoute Robert, ce qui fait sourire son père. »
Après avoir raconté cette histoire, Robert prend la main de sa sœur :
- C´est triste que notre père n’ait pas eu la chance de voir l’homme que je suis devenu.
- Je te crois.
-Rappelle-toi comme dans le passé nous étions presque arrivés à l’agression physique. C’était terrible. La dernière fois, il était allé voir son avocat, monsieur Taylor, et quelques jours après, il m’a dit que mon nom était rayé de son testament. Il en avait fait un nouveau. Je me suis senti écarté de sa vie.
Robert fait une pause de quelques secondes et regarde au plafond; il se sent très gêné de raconter ces moments de douleur à sa sœur. Il prend une profonde inspiration et continue :
- Nous étions dans la même maison, mais dans deux mondes séparés.
- Je me souviens, dit Pamela avec l’expression émue de ce moment de retrouvaille avec son frère.
- Et ça n’a rien à voir avec ton mariage ni ton départ pour New York. Je ne savais plus où j’étais… C’est vrai, j’étais perdu. J’ai vécu une période de délire, l’alcool et des mauvaises fréquentations.
- Tu ne peux pas savoir comme je suis contente d’entendre tout cela.
-En effet, il y a quelques semaines, il m’a dit qu’il pensait changer le testament une nouvelle fois. Il m'a dit son intention de t'écrire pour te demander si tu étais d’accord. Tu sais bien comme il était droit en affaires et avec toi, sa princesse comme il t’appelait souvent, ça ne devait pas être différent.
-Papa m’a écrit une lettre ? Quand ? demande-t-elle avec un air de grande surprise.
-Il y a quatre ou cinq semaines. Il ne m’a pas donné de détails mais simplement ma demandé de la poster. Elle t’était adressée.
- En es-tu certain ?
- Oui, bien sûr, elle t’était adressée.
Pamela ne dit rien et tous deux passent dans la bibliothèque où le feu de cheminée est allumé. Ils prennent une tasse de thé qu’Asheley leur a apporté. Robert, l’air satisfait, à un petit sourire :
- Je vais te dire un secret, et je suis certain que tu en seras très content.
- Vas-y, j’ai besoin d’une bonne nouvelle, après tout qui s’est passé aujourd’hui.
- Je vais te le dire, mais c’est un secret et tu vas comprendre pourquoi. La vérité est que depuis quelques temps, j’ai une petite amie.
- Ce n’est pas vrai ! dit Pamela avec grande surprise.
- Oui mais c’est un secret. Je ne l’ai dit à personne, même à notre père. Après tout, si cette relation n’a aucune chance de marcher… je ne voudrais pas causer de grande déception.
- Habite-elle a Kinver et quel genre de situation a-t-elle ?
- Oui… elle habite à Kinver depuis déjà plusieurs années, mais pour le moment, je garde les détails pour moi. Kinver est très petit et nous prenons la précaution de nous donner rendez-vous en toute discrétion… Elle m’a beaucoup aidé à changer de vie et à me faire oublier les mauvaises fréquentations que j’ai eues pendant quelque temps. -
- Ne me dis pas qu’elle est mariée, quand même…
- Non… rien de tout cela. Je garde les détails pour moi. Je te dis, tu seras la première à savoir quand je serai sûr que tout évolue dans le bon sens.
Ne voulant pas continuer à questionner Robert, Pamela dit en consultant sa montre qu’il est déjà tard et qu’elle a besoin de repos. Les deux s’embrassent.
A demain, et merci pour tout ce tu m’a dit, dit Pamela.
Après un bain de presque trente minutes, elle entre dans la chambre où William est assis sur un petit canapé. Sans dire un mot, elle s’assied devant une coiffeuse à trois panneaux de miroirs indépendants. Elle a l’air tendu et regarde William dans un des miroirs. Il semble être décontracté et lit quelques courriers apportés de New York.
Soudain, presque sans y réfléchir, Pamela se tourne et demande d’un ton incisif qui surprend William :
- Qu’as-tu fait de la dernière lettre que Papa m'a envoyée ?
- De quoi parles-tu, Pat ?
- La lettre où il m’informait qu’il pensait changer son testament.
Ah !…. Cette lettre … !
- Oui, oui… la lettre que tu ne m’as pas montrée.
- J’étais obligé de le faire, car il te demandait de ne rien me dire.
- Et pour savoir cela, as-tu l’habitude d’ouvrir mon courrier? Comment sais-tu tout cela? Qui t’a donné ce droit ?
- Franchement, ce n’était pas la première fois que nous ouvrions tout le courrier que nous prenions dans la boite aux lettres. C’était normal autant pour toi que pour moi. Cela s’est passé il y a
quatre ou cinq semaines, en revenant à la maison, un après midi, je venais juste prendre quelques documents dont j’avais besoin au bureau. J’ai pris tout le contenu de notre boite aux lettres et je l’ai porté dans l’appartement. Et vraiment sans regarder, j’ai tout ouvert en prenant un café. C’est comme ça que j’ai pris connaissance du désir qu’avait ton père de ne pas me laisser savoir qu’il avait l’intention de changer son testament. J’ai regretté cet acte intempestif de ma part. C’est-à-dire que si je t’avais donné la lettre déjà ouverte, tu aurais su que le veux de ton père n’avait pas été respecté comme il le voulait.
Sans dire un mot, Pamela se tourne vers la coiffeuse sur laquelle un large portrait de son père est encadré. Elle le regarde et se rappelle une conversation qu’elle avait eue avec lui, quelques mois avant son mariage.
Thomas avait dit :
« C’est à toi de décider.
- Je l’aime beaucoup. Jamais de ma vie je n’ai rencontré quelqu’un … je ne sais comment te le dire… nous avons eu des moments forts, quand nous avons échangé nos points de vue et analysé de manière ouverte nos qualités et nos défauts, le fait qu’il soit de race noire…
- Ça n’est pas le problème…
-Tu vois toujours ma relation avec William comme un problème. D’autres personnes ont la même difficulté. C’est la couleur qui importe. Et ça, papa, c’est la façon dont tu nous as élevés, dans une société qui juge une personne sur son origine raciale. Quand j’étais jeune, je n’ai jamais eu la chance d’être l’amie ou d’avoir une relation hors de l’école avec
un garçon ou une fille de race noire ou hindoue.
- Tu n’es pas encore mariée et déjà tu me parles du regard des gens sur vous deux quand vous êtes dans un restaurant, au cinéma ou quand vous faites du vélo à Central Park.
- Si tu veux savoir, papa, je me sens très bien. Je suis fière d’avoir le courage de me battre pour les choses auxquelles je crois. Et tu sais bien qu’ici, même à la maison, nous avons eu quelques remarques et senti quelques insinuations de la part de Robert… Il ne comprend pas combien je suis heureuse.
- Ne t’inquiète pas, il va changer. Mais il y aussi un autre détail, c’est que tu ne connais William que depuis quelques mois seulement.
- Et certainement, les plus heureux de ma vie d’adulte.
- Mais prennent ton temps, ma princesse. C’est une décision qui demande beaucoup de réflexion. »
Pamela reste encore silencieuse après s’être rappelée cette conversation.
Elle revient à la réalité quand William lui demande :
- Y a-t-il quelque chose qui ne va pas Pamela ?
- Non.
- Tu désires quelque chose ?… Une tasse de thé…
- Non merci.
William éteint la lampe à côte du sofa où il était assis et va au lit. La chambre tombe dans l’obscurité où seul luit l’abat-jour de la coiffeuse.
Pamela reste assise encore quelques minutes, essayant de dissiper ses doutes avant de rejoindre son mari.

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lundi 3 septembre 2007

"Qui a assassiné Thomas Forsyth"
Chapitre IV
Les trois premiers sont plus bas than this blog
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Chapitre IV

Lundi, 06 heures du matin
Au-dessus de l’océan Atlantique
BOAC vol 002

Une turbulence inattendue



Dans la pénombre de la cabine, la majorité des passagers semble encore endormie. Pamela parait très fatiguée. Elle repose sa tête contre son siège. William a ses yeux fermés.
- Comment s’est passé ton voyage à Washington ? demande-t-elle.
- Comme toujours. Les clients sont toujours pressés et demandent la livraison dans la semaine de la commande. Enfin, je crois que nous avons une commande de quelques millions de dollars pour les ordinateurs, tous les logiciels et les services d’entretien pour trois ans.
William raconte sa soirée de vendredi et comment il a eu une terrible migraine toute la journée du samedi.
Pamela, l’air distant, regarde par le hublot. Les premiers rayons du soleil illuminent l’épaisse couche de nuages. Le personnel de bord commence à servir le petit déjeuner.
- Pourquoi ne m’as-tu pas appelée ? demande Pamela.
- J’ai essayé, mais je n’ai pas eu de réponse.
- Effectivement, je suis allée quelque fois à l’appartement d’à côté.
- A quelle heure ton frère a-t-il appelé?
- Vers 20 heures... Je ne sais pas… j’attendais ton appel, mais immédiatement, j’ai reconnu la voix de Robert et j’ai eu un mauvais pressentiment. Peut-être papa a-t-il eu un malaise…ou un arrêt cardiaque.
- Comment Robert a-t-il annoncé la mauvaise nouvelle ?
- Il était vraiment bouleversé… il a dit que papa était à l’hôpital mais j’ai senti que quelque chose était arrivé. Quand j’ai insisté, il a raconté la vérité…. Oh, mon Dieu… je n’arrive pas à y croire…
- A-t-il donné plus de détails ?… si le voleur a pris d’autres choses ?
- Non…il lui a seulement pris son porte-monnaie. On sait bien que papa avait toujours beaucoup d’argent liquide sur lui. Il a pris ses cartes de crédit.
Puis elle ajoute à nouveau : J’avais pensé passer Noël avec Papa …
- Incroyable. Si ça s’était passé à New York … ou dans les quartiers du Bronx ou de Brooklyn… mais à Kinver ! Vraiment, je ne comprends pas.
- Franchement, je m’en fous de qui et de pourquoi papa a été assassiné, mais je voudrais que la police fasse son travail et la justice son devoir.
Elle pose sa tête sur l’épaule de William. Au-dessous des nuages, l’océan reflète ça et là, les premiers rayons du soleil. Au moment où l’avion commence à descendre vers la côte d’Angleterre, le soleil fait sa percée et illumine au loin à l’horizon les falaises de la côte anglaise.
C’est pour cette image que les touristes de premier voyage, commencent à voir géographiquement l´Europe.
- Qui nous attendra à l’aéroport ? demande William.
- Oh !…. Mon Dieu… J’ai oublié d’appeler Robert pour l’informer du numéro de notre vol. Nous étions très occupés à faire les valises pour arriver à temps à Kennedy Airport... Robert ne nous attendra pas à Londres, mais à la maison.
- C’est très bien comme ça.
- Comment ? S’étonne Pamela.
- Oh, tu sais très bien que nous avons eu de divergences, ton frère et moi. Il n’a jamais été d’accord avec notre mariage et je n’ai guère apprécié sa dérive vers l’homosexualité et la dépendance...
Pamela, un peu contrariée lui coupe la parole.
- Arrête ! Tu ne vas pas recommencer avec cette histoire. Tu sais très bien que Robert a eu des problèmes. Pour commencer, ça été le suicide de notre mère. Deux ans plus tard, pendant une journée de chasse, Robert a tué par accident notre frère. La mort de Fred a conduit Robert à ces problèmes d’alcoolisme et, apparemment, à avoir quelques relations homosexuelles. Tu sais très bien qu’il est malade.
- Je veux bien comprendre ses problèmes, mais je n’accepte pas son intolérance et ses remarques à caractère racial, et ça …
- Arrête ! Après notre dernière visite à Kinver, j’ai pensé que tu avais oublié tout cela. Tu sais très bien qu’il a noyé ses problèmes dans l’alcool. Papa m’a écrit pendant l’été que Robert continuait ses consultations chez un psychologue et tout marche très bien. Sincèrement, nous sommes des adultes et j’espère que nous n’allons pas avoir les mêmes scènes que par le passé. ça ne te suffit pas, le drame que nous vivons en ce moment ?
William prend la main de Pamela.
- Ne t’inquiètes pas.
Ils terminent leur petit déjeuner en silence.
En arrivant à l’aéroport, ils passent la douane sans problèmes et William cherche la station de taxis. Il demande au premier chauffeur :
- Bonjour monsieur. Connaissez-vous le village de Kinver ? Combien prenez-vous pour nous y conduire ?
- Je connais. Ç’est pas loin. Ça fera trente livres. C´est le tarif.
William demande à Pamela de prendre sa place dans le taxi et observe le chauffeur ranger leurs valises dans le coffre.
Après la sortie de l’aéroport, ils prennent une petite route de campagne pour éviter les autoroutes embouteillées chaque matin. Il y a encore des moutons et des vaches dans les prairies. Ici, c’est une région proche de Londres qui résiste encore aux avancées des grands projets immobiliers, n’hésitant pas à laisser construire des enclaves privées, des maisons modernes et des pavillons de plus de 120 mètres carrés.
Après quarante minutes, ils traversent le village de Kinver, avec ses vieux bâtiments de trois ou quatre étages, ses façades de vieilles briques rouges noircies par le temps et la pollution. Aux rez-de-chaussée, des petits commerces.
Un groupe d’habitants s’est assemblé sur le trottoir, certainement pour parler de l’assassinat de Thomas Forsyth.

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samedi 25 août 2007

QUI A ASSASSINÉ THOMAS FORSYTH
Voici le troisième Chapitre
Chapitre III

New York City
Dimanche 20 Octobre 1978
Le Chock

Le lendemain, vers midi, William arrive à la réception avec sa valise et sa mallette.
Il demande la facture à la jolie réceptionniste du jour.
- Oui Monsieur William, j’ai votre facture et je regrette beaucoup de vous avoir dérangé ce matin. Roy a oublié de me laisser la consigne pour que personne ne vous dérange.
- Ce n’est rien, je regrette la façon dont j’ai répondu. J’étais malade, avec un mal de tête terrible. Je suis aussi désolé d’avoir raccroché de cette façon.
- Pas de problème. Voilà votre facture, monsieur.
William donne sa carte de crédit et demande :
- Est-ce que la personne qui m’a appelé a laissé son nom ?
- Non….il a été très bref et a dit qu’il vous rappellera à New York. Voilà votre reçu et bon voyage, monsieur.
William sort de l’hôtel, prend sa voiture et se dirige vers l’autoroute 95 Nord qui le conduira en trois heures et demi à New York City.
Pendant son trajet, il se sent bien dans sa peau, malgré la fatigue due à la soirée. Il traverse une partie des forêts et de la campagne de l’Etat de Pennsylvanie et les zones industrielles de l’Etat du New Jersey, près de New York. Il s’approche du tunnel sous l’Hudson River. A la sortie, il sera dans les rues de New York City, - The Big Apple.
Comme toile de fond au loin, les grands bâtiments du sud de l´île de Manhattan et les imposantes tours jumelles du World Trade Center.
Pendant son voyage, il a eu le temps de penser à sa femme, Pamela Forsyth, qui l’attend dans leur appartement.
Il y a déjà cinq ans qu’ils sont mariés et ne veulent pas avoir d’enfants. William et Pamela se sont rencontrés dans le bureau de la compagnie où elle était secrétaire. Aujourd’hui, elle est une des responsables du département des ressources humaines.
Elle est blonde et a une forte ressemblance avec le profil délicat et très féminin de la comédienne Catherine Deneuve. Au bureau, ses collègues l’appellent de temps en temps Cat, un abrégé de ce prénom, mais aussi le mot chat, en anglais.
William est connu par la direction pour son esprit de leader et les projets innovants qu’il transmet aux différentes équipes du département des ventes. Il y a huit ans qu’il a commencé à travailler dans cette société comme commercial. Il a gravi tous les échelons. Il pense même qu’un jour, il sera nommé vice-président du département du commerce extérieur.
Le couple Forsyth représente bien la réussite de la classe moyenne qui a bénéficié du boom de l’économie américaine des années 70.
Finalement, en arrivant au bâtiment où il réside, William parque sa voiture dans les sous-sols, à coté de la voiture de Pamela. Il prend l’ascenseur pour rejoindre leur appartement situé au dix-huitième étage. Ils ont une immense terrasse qui leur offre une vue magnifique sur Central Park, le poumon vert de New York.
Il ouvre la porte et voit Pamela en pleurs qui coure vers lui. Elle porte un long peignoir noir, n’est pas coiffée, sans maquillage, un mouchoir dans la main.
- William…. William… mon chéri ! dit Pamela.
- Que ce se passe-t-il ?
Voyant l’état hystérique de sa femme, il l’embrasse et Pamela lui apprend que son père est décédé.
- Oh mon Dieu ! Il est mort. Hier soir, il a été assassiné par un voleur !
- Que dis-tu ? Thomas est mort ?
- Oui… oui…. Robert m’a appelé. Il est rentré à la maison vers deux heures du matin et a trouvé le corps de papa dans la bibliothèque.
- Pourquoi ne m’as-tu pas appelé ?
- J’étais perdue… je n’ai pas trouvé le numéro de téléphone que tu m’avais donné en début de semaine.
- Tu étais seule pendant la journée ?
- Non. Je suis allée voir notre voisine, madame Miller. Elle a passé une partie de la journée avec moi et quelques voisins et amis sont venus. Oh … William, c’est terrible.
Tous deux marchent vers le séjour et William tient Pamela tout contre lui. Elle pose sa tête sur l’épaule de son mari en sanglotant et dit :
- C’est terrible ! Robert m’a dit que la police a commencé les investigations et moi qui pensais passer les fêtes de Noël avec Papa !
- Robert t’a appris quand aura lieu l’enterrement ?
- Non, mais naturellement et de toutes façons, ils attendront notre présence.
William va chercher le verre de Pamela et, sur le chemin du retour, se prépare un drink pour lui-même, avant d’appeler BOAC, la compagnie aérienne anglaise.
Avec quelques difficultés, il réussit à obtenir deux billets sur le dernier vol de BOAC pour Londres.

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joelconrado.veiga@gmail.com

dimanche 19 août 2007

Ici le premier et deuxième chapitres de
"Qui a assassiné Thomas Forsyth ?"

C´est à vous de lire et enregistrer tous les chapitres publiés ici. Ils seront très utiles et vous serviront de référence pour réaliser votre propre enquête. Chaque personnage donne une raison d´être suspecté d´après ses propres motivations.
Entrez dans le monde des Forsyth et faite la connaissance de William, Pamela, Robert et Asheley, elle qui devienne plus qu´une femme de ménage …, un jeune hindou, le jardinier Jack the Ripper et Carter.

Ce dernier cache son désir de gloire jusqu´a sa participation à l´affaire Forsyth, un crime presque parfait ! Il y a aussi Roy le réceptionniste, le Commissaire Kelly et l´inspecteur Stanley Cooper de Scotland Yard et en plus, d´autres autorités …

Scotland Yard a pris dix jours pour trouver le coupable. Et vous ?
Bonne chance dans votre enquête.



Chapitre I
Angleterre Samedi 19 octobre 1978
23 heures 30


Le silence est absolu, si ce n’est le vent qui siffle en sortant du bois qui borde l’enclave. Par l’ensemble de ses bâtiments, ses jardins et ses pelouses bien entretenues, la propriété s’apparente à un manoir typique du XVIIIe siècle. La structure présente une ressemblance avec l’architecture romaine laissée dans la région, après l’occupation de l’Angleterre par l’armée de Julius César, du premier au cinquième siècle.

Un intrus sort du milieu des arbres centenaires et marche avec précaution sur le terrain humide. Ses souliers écrasent, sans aucun bruit les morceaux de branchage encore avec somme feuilles rouges et jaunes, couleurs de l’arrière saison. Au loin, un chien de garde commence à aboyer. Le cambrioleur continue sa marche en direction du bâtiment central, construit sur une section plus élevée du terrain, dominant la large pelouse grande comme un demi terrain de football. Trois fontaines et des vases portent encore des fleurs d’automne. Au rez-de-chaussée, du côté gauche, seul une fenêtre est illuminée. Aux second et troisième étages, aucune lumière. L'intrus est maintenant à moins de cinquante mètres du bâtiment.

Il s’arrête quand il entend la musique d’un orchestre symphonique venant du manoir. Il regarde à droite et aperçoit une sorte de vieille étable sans portes, utilisée comme garage. Deux ampoules de faible puissance permettent de distinguer une ancienne Rolls Royce, couverte de poussière. Elle n’a pas été utilisée pendant des mois. A ses côtés, une Jaguar de l´année.

Il continue sa marche en direction de la maison. Devant l’entrée principale, douze marches larges et avec longueur, en marbre, donnent accès à la terrasse, face à la pelouse et au chemin pavé en cercle. Celui-ci permet l’approche des véhicules motorisés. Dans le temps, il était destiné à l’arrivée d’élégants carrosses tirés par les attelages.

L’intrus arrive derrière la maison et essaye d’ouvrir une porte. Elle n’est pas fermée à clef et s’ouvre sans difficulté. Il entre dans un long couloir. A droite, une cuisine spacieuse et bien arrangée, partiellement illuminée par une ampoule au néon accrochée au-dessous de l’armoire à vaisselle, au-dessus d’un large évier. A côté, une gazinière à huit feux. Un de ces emplacements est occupé par une grande bouilloire en cuivre, qui brille sous la lumière. Au même instant, l’intrus perçoit le son de la télévision où le présentateur annonce, avec un accent typiquement anglais, la suite du programme de musique classique. Le visiteur se dirige vers le fond du corridor, mais s’arrête quelque seconde face à la salle à manger, à l’entrée cintrée. Plusieurs tableaux sont aux murs et deux larges lustres de cristal sont stratégiquement suspendus pour illuminer le lieu. Une longue table pour vingt personnes, occupe le centre de la pièce. Il continue sa progression et, au fond du corridor, ouvre doucement une porte et la maintient entre ouverte. Elle mène à la bibliothèque et au séjour.
La musique, la sixième symphonie de Ludwig Van Bethoven, semble emplir le lieu. Il examine le local et prépare son coup. Aux murs, des étagères remplies de livres alternent avec plusieurs tapisseries, quelques-unes couvrant cinq mètres de hauteur. Au plafond, de larges poutres en chêne, et les tentures en velours couleur rouge foncé, comme un bon Pinot noir, complètent le décor.
Par -ci par-là, de petits espaces de conversation sont arrangés de façon intime, avec un petit sofa, deux ou trois fauteuils confortables, le tout discrètement éclairé par des abat-jour. Impossible de ne pas remarquer le plancher brillant en chêne rustique, en dalles de trente cm de largeur. Par-ci par-là, de petits tapis aux figures de chasseurs et de leurs chiens. Une grande cheminée, aux tablettes à un mètre soixante du plancher et un foyer d’un mètre quarante de largeur, chauffe la salle durant les longs hivers anglais.

A une dizaine de mètres devant la porte, quelqu’un regarde la télévision sur une chaise longue, caché derrière un appui-tête très haut. Seule indice de sa présence, la volute de la fumée d’un cigare qui lentement monte dans l’air. L’intrus pousse la porte et avance avec précaution vers le fauteuil.

Il tire de la poche de son imperméable noir, un pistolet équipé d’un silencieux et immédiatement l’actionne deux fois. Tout se sera passé en moins de quatre secondes. La première balle traverse le dos de la chaise mais ne touche pas sa cible et poursuit sa course jusqu’à faire éclater l’écran du téléviseur, juste en face du fauteuil. Pendant une milliseconde, il y a un silence sinistre dans l’immense espace de la bibliothèque. La personne visée est surprise par l’explosion de l’écran de télévision et par la détonation étouffée du pistolet.

La victime saute de son fauteuil et se retourne vers la porte avec une expression d’horreur. Touchée en pleine poitrine par le deuxième tir de l’arme, elle tombe en arrière sous la force de l’impact. Ses lunettes volent en éclat. Sans la lumière de la télévision, le lieu tombe dans l’obscurité. Seule une petite lampe de table reste allumée. La fumée de l’arme de l’assassin se mêle à la fumée du cigare qui continue à monter vers le plafond.

Thomas Il est mort instantanément. Il avait pris sa retraite de vice-président et ancien PDG d’une société d’investissements, de président d’une banque et ancien PDG d’un groupe dans le secteur de construction et de l’immobilier.
Il était le propriétaire de la maison. Sans perdre de temps, le braqueur contourne le fauteuil de Thomas Forsyth et commence à fouiller les tiroirs d’un ancien vaisselier anglais en bois de rose. La porte vitrée permet d’y voir des anciennes assiettes et de larges saladiers. Rapidement, il ouvre les tiroirs et jette par terre enveloppes et autres papiers sans importance. Il se tourne vers une table ronde et prend une boite de cigarettes et un briquet dissimulés dans la tête d’un chevreuil de 20 cm de haut. Les deux objets sont en argent massif.
Dans les poches de la victime, il prend des documents et un porte-monnaie où il trouve de l’argent et plusieurs cartes de crédit. Il s’arrête quelques secondes quand à nouveau il entend l’aboiement d’un chien de garde.
Rapidement, il quitte les lieux par le même chemin qu’il avait pris en entrant. Il trouve les arbres les plus proches pour disparaître dans la nuit. Le crime sera à la une de la presse régionale et de la télévision.

Comme les autres faits similaires dans la région. Un nouveau braquage d’une grande propriété isolée, dans le hameau de Romain Creek ; un quartier privilégié des banlieues de Kinver, un village de dix milles habitants à quarante kilomètres au Sud de Londres. Comme toute la région, elle est entrée dans l’histoire des dernières bastides de l’armé romaine.

L’assassinat de Thomas Il traumatisera la population locale.

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Chapitre II

Washington DC, USA
Samedi 19 octobre 1978
2 heures du matin
La soirée


La grande enseigne publicitaire clignotante et colorée indique la salle du GO GO NOW un restaurant discothèque non loin d’un centre commercial, sur un grand boulevard typique de la banlieue des grandes villes des Etats Unis.
Des deux côtés de la voie, petites superettes, stations essence et autres magasins dont les néons sont encore allumés et clignotent. C’est une petite image comme mille autres de villages américains, évoquant de loin Las Vegas, la ville mythique de l’espoir et la déception.
C’est la fin de soirée du vendredi.
Le GO GO NOW est plein. Les spots, aussi multicolores et clignotants, sont commandés par un programme d’ordinateur adaptant l’ambiance au rythme de la musique. Quatre danseuses sui vent la musique forte et excitante, de leurs mouvements sensuels et provocants. Avec leurs minis costumes, elles laissent apparaître leurs formes arrondies et leur plantureuse poitrine…
La clientèle est faite de jeunes gens de la région mais aussi de plusieurs hommes d’affaires. Dans un coin plus discret, autour d’une table ronde, un groupe de ces hommes, facilement reconnaissables à leurs tenues, cravate et veste.

Ils sont assis à une table couverte de verres et de quelques bouteilles de whisky, deux seaux pleins de glaçons avec des bouteilles de champagne. Parmi eux, deux hommes de race noire, comme il y en a d’autres dans la salle. Tout le monde semble passer du bon temps.
William Ward, né en Jamaïque, réside à New York. Il est directeur du département des ventes d’une société fabriquant des ordinateurs et des logiciels.

Son visage rappelle, avec ses grands yeux très persuasifs et ce sourire confiant, celui de Sidney Poitier, l’acteur du film « Guess Who is Comming to Dinner ».
Emballé par l’ambiance, les autres invités rient d’une blague que leur raconte William. C’est l’histoire d’un chinois et d’une jeune prostituée noire, dans une rue de Harlem à New York City. Elle n’a pas -décrypté- l’anglais du chinois et lui non plus n’a pas compris l’anglais de la fille. Une histoire drôle que William raconte avec succès, pendant ce genre de dîner bien arrosé.
Tous autour de lui sont ses invités. Le voisin de William sourit :
- Whaou… ça, c’est ce que j’appelle la bonne vie.
- Tout a fait…. Ici, c’est comme à New York, dit William, je connais des endroits comme ça à Los Angeles, Miami, Chicago et dans d’autres villes et je parie que dans votre ville ultra conservatrice de mormons, cela n’existe pas.
- Certainement pas, répond cet habitant de Salt Lake City, à l’ouest des Etats Unis, les gens pensent que Washington est une ville morte après 20 heures.
William avec un grand sourire :
- J’offre la dernière tournée.
- Non, merci William, répond un autre homme. Il est déjà plus de deux heures du matin et je crois que c’est le moment d’aller dormir. J’ajoute qu’avec le dîner, c’était une très bonne soirée.
- Non, dit William, franchement, aujourd’hui c’est samedi.
Il arrête une serveuse par le bras et lui dit avec une certaine intimité :
- Suzanne ma chérie, apportez-moi une bouteille de champagne.
Pour lui, la commande d’ordinateurs que ces invités ont passé justifie bien la soirée.
- Non… non William, il est très tard, intervient l’autre invité, ça suffit pour aujourd’hui.
- D’accord, d’accord.
Puis il appelle la serveuse :
- Suzanne, apportez-moi l’addition.

Quelques minutes plus tard, tous quittent la discothèque en direction de l’hôtel où William est un client bien connu. La longue limousine noire conduite par un chauffeur arrive dans le parking et s’arrête devant l’entrée principale. William sort et s’adresse à ses invités :
- Ok boys, merci pour m’avoir reconduit ici. Je vous appellerai la semaine prochaine avec toutes les informations concernant votre commande.
Quelqu’un dans la voiture lui répond :
- N’oubliez pas ! Nous confirmerons la commande des deux mille ordinateurs et de tous les logiciels, seulement si vous garantissez la livraison dans les trois prochaines semaines.
-Aucun problème, répond William, bon retour à Salt Lake City.
La longue limousine quitte du parking et William se dirige vers l’entrée du Paradis Hôtel.

Devant le distributeur de cigarettes, il cherche de la monnaie. Avec difficulté, il la trouve d’une façon apparemment éthylique. Il prend un paquet de cigarettes et se dirige vers Roy, le jeune réceptionniste qui travaille cette nuit-là.
- Bonsoir Roy. Que faites-vous ici à cette heure-ci ?
- Quelqu’un doit bien faire le travail !
- Si tu n’as pas d’ordinateur, je peux t’en vendre un neuf à un très bon prix, mais surtout ne me demande pas la livraison pour demain.
Les deux rient et Roy constate l’état de William, qui s’exprime avec difficultés en s’appuyant au comptoir.
- Oublie ça, dit William, nous reparlerons demain avant mon départ. Pour le moment, tout ce dont j’ai besoin, c’est de dormir. - Tout en parlant, il retire sa cravate et sa veste.
- Je ne veux par être dérangé. Je ne veux pas recevoir d’appel téléphonique ni même de petit déjeuner dans ma chambre. Je suis sûr que je vais avoir une terrible migraine.Il prend la clef de sa chambre et se dirige vers l’ascenseur. Un petit pas à gauche et un autre à droite. Il entre dans sa chambre, au deuxième étage. Trois minutes plus tard, il rouvre la porte et place sur la poignée le traditionnel carton : - "Prière de ne pas déranger"
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